🇨🇲 Un septennat sous le signe du Rassemblement et de la Foi : décryptage du discours du Président Paul Biya.

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Un ton nouveau, une parole solennelle

Le 6 novembre 2025, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le président Paul Biya a prononcé un discours de prestation de serment qui marque à la fois la continuité du pouvoir et l’émergence d’un ton spirituel inédit. L’homme d’État, souvent mesuré, a parlé d’un ton grave mais habité, conscient de la gravité du moment et de l’épuisement collectif d’un pays fracturé par la crise post-électorale.
Cette fois, au-delà des habituelles promesses de stabilité et de paix, un mot est revenu avec insistance, rare dans la bouche du chef de l’État : Dieu.
« La mission sacrée que Dieu Tout-Puissant et le Peuple camerounais souverain ont bien voulu me confier. »
En associant Dieu à la volonté du peuple, le président opère une fusion du spirituel et du politique, une manière de présenter son mandat non plus seulement comme un contrat électoral, mais comme une mission transcendante.

Dieu dans la parole présidentielle : une évolution symbolique
En 43 ans, les discours présidentiels camerounais ont rarement fait référence à la transcendance divine.
Leur ton technocratique, diplomatique ou sécuritaire ne laissait guère de place à la foi.
Mais ce 6 novembre 2025, le chef de l’État a rompu avec cette tradition.
Cette invocation de Dieu apparaît à trois niveaux :
1. Le serment spirituel :
Le mot “serment” prend tout son sens religieux. En prêtant serment “devant Dieu et le peuple”, le président place son mandat sous le regard moral de la divinité.
C’est une manière implicite de dire : « Je rends compte non seulement aux hommes, mais aussi à Dieu. »
2. La mission sacrée :
En parlant de “mission sacrée”, Paul Biya fait écho au vocabulaire des prophètes ou des patriarches. Il s’identifie symboliquement à un serviteur choisi pour accomplir une œuvre nationale, idée souvent discutée dans certains cercles religieux
Cette formule, dans un contexte de désenchantement politique, vise à redonner sens à l’autorité : le pouvoir ne serait plus seulement un privilège, mais un service spirituel.
3. Le rassemblement moral du peuple :
La main tendue, les appels à l’unité et à la paix prennent ici une connotation quasi pastorale.
Le président invite à une “union sacrée”, formule chargée de spiritualité, où la fraternité nationale devient une valeur morale autant que politique.
Ainsi, pour la première fois, Paul Biya endosse un rôle de guide moral, presque prophétique, au-delà du politique.
Cette ouverture à la dimension divine peut se lire comme une recherche de légitimation supérieure, mais aussi comme une reconnaissance des limites humaines du pouvoir face aux crises Un discours de continuité et d’apaisement
Sur le fond, le discours conserve la marque du style Biya : sobriété, continuité, stabilité.
Il s’agit moins de rupture que de repositionnement moral.
Les thèmes phares sont connus : unité nationale, paix, emploi des jeunes, sécurité, développement.
Mais à travers le ton et le choix des mots, on sent une prise de conscience accrue :
Les fractures sociales sont reconnues (“frustrations”, “attentes”, “difficultés”).
Les appels à la haine sont dénoncés.
Les jeunes et les femmes sont désignés comme “le cœur du septennat”.
Et pour la première fois, l’amour du peuple et la main tendue remplacent la simple injonction à l’ordre.
Le président semble vouloir redevenir Unificateur, conscient que le Cameroun ne se sauvera ni par la force, ni par les slogans, mais par la restauration du lien moral et national.

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Les perspectives du septennat : « Grandeur et Espérance »
La foi au service de la nation
Ce septennat s’annonce sous le signe d’un double défi : spirituel et social.
1. Réhabiliter la foi citoyenne
– Reconnecter la politique à la vérité, la justice et la compassion.
–  Promouvoir une éthique du service public fondée sur la responsabilité devant Dieu et les hommes.
2. Transformer la foi en action sociale
– Employer le langage moral pour inspirer un comportement collectif nouveau : intégrité, travail, solidarité.
– Placer la jeunesse et les femmes comme co-bâtisseurs d’un Cameroun “béni de Dieu”.
3. Guérir les blessures nationales
–  Le discours religieux ne doit pas devenir incantation, mais pardon et réconciliation réelle.
– Une Commission nationale Vérité et Dialogue, sous parrainage moral interreligieux, pourrait renforcer la cohésion.

Le rôle attendu de la société civile
La société civile devient le partenaire stratégique du pouvoir dans cette nouvelle approche.
Elle doit jouer le rôle de conscience et de catalyseur moral.
Relayer la foi en action civique
Créer des espaces de médiation, de civisme et de valeurs partagées, pour réconcilier foi, citoyenneté et responsabilité. La société civile peut organiser des consultations régulières avec les communautés locales pour mieux comprendre leurs besoins, frustrations et aspirations. Elle pourrait être un pont entre la population et les institutions publiques, facilitant ainsi l’alignement des politiques publiques avec les réalités locales.
2. Accompagner les politiques publiques
Observer, évaluer, et exiger la mise en œuvre des engagements. Elle peut également jouer un rôle de veille pour s’assurer que les réformes sont menées de manière transparente et inclusive. En collaborant avec les autorités, elle peut fournir des retours sur l’impact des réformes et proposer des ajustements en fonction des réalités observées : emploi jeune, formation, décentralisation, transparence…
3. Promouvoir la paix et le dialogue
Organiser des forums intercommunautaires et rencontres interreligieuses pour transformer la parole spirituelle du président en dynamique nationale de réconciliation. Dans un contexte de tensions sociales et politiques, les organisations de la société civile peuvent jouer un rôle clé dans la promotion de la paix, du dialogue et de la réconciliation. Elles peuvent mener des campagnes de sensibilisation pour contrer les discours de haine et encourager l’unité nationale
4. Mobiliser la jeunesse et la diaspora
Créer des ponts entre les jeunes du pays et ceux de l’extérieur, autour de projets d’innovation, de solidarité et de reconstruction nationale. La diaspora ne doit pas être considérée comme un adversaire, mais un partenaire stratégique de la richesse de notre nation.
5. Lutte contre la corruption et promotion de la bonne gouvernance

La société civile peut intensifier ses efforts pour promouvoir la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques. Elle peut collaborer avec l’État pour la mise en place de mécanismes de suivi des fonds publics et des projets de développement.

Conclusion : un serment sous le regard de Dieu
Pour la première fois, Paul Biya parle en chef d’État conscient d’une dimension spirituelle du pouvoir. Son discours du 6 novembre 2025 ne se contente pas d’appeler à la paix : il appelle à la conversion morale du Cameroun.
En plaçant Dieu au cœur du serment, le président invite à une responsabilité partagée : Si Dieu confie une mission, le peuple doit aussi s’en rendre digne.
La société civile, les églises, les jeunes, les femmes, les intellectuels et la diaspora ont donc un rôle sacré à jouer :
transformer la parole en œuvre, la foi en nation, le serment en avenir.
Monsieur le Président, nous vous avons compris. Vous avez tendu la main, nous l’acceptons. Nous vous saurons gré de garder votre porte ouverte.
« Les montagnes porteront la paix pour le peuple, Et les collines aussi, par l’effet de ta justice »
Psaume 72.3

Par Rev. Pat METOTE

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