JIF2024 – Arlette Alemoka : l’amazone de la lutte contre le désordre urbain
La directrice adjointe de la police municipale est l’une des pièces essentielles de la lutte contre le désordre urbain. Celle qui a également longtemps travaillé pour l’amélioration de la mobilité urbaine dans ses précédents postes a donné un nouveau visage à plusieurs carrefours de la ville de Douala.
La directrice adjointe de la police municipale est l’une des pièces essentielles de la lutte contre le désordre urbain. Celle qui a également longtemps travaillé pour l’amélioration de la mobilité urbaine dans ses précédents postes a donné un nouveau visage à plusieurs carrefours de la ville de Douala.
Au carrefour Ndokoti le samedi 24 février 2024, Arlette Alemoka, à la tête d’une vingtaine d’éléments de la Police municipale est à l’œuvre. Entre le Tribunal de Première instance de Ndokoti et le carrefour éponyme, elle fait régner de l’ordre. A la vue de l’équipe qu’elle conduit, les conducteurs de moto qui n’ont pas respecté l’espace de stationnement à eux dédié se rangent. Ils sont alignés les uns à côté des autres, ou garés sur le terre-plein situé à côté de la station Tradex. Ce rond-point, tout comme celui situé à la sortie du tunnel circulent désormais. Les motos attendent dorénavant les passagers à l’espace délimité, situé à une trentaine de mètres de chacun de ces deux carrefours de Ndokoti. Les commerçants quant à eux ont quitté la chaussé et n’occupent plus qu’une partie du trottoir. Le constat est le même au rond-point Deido et dans les carrefours névralgiques de la capitale économique du Cameroun.
Femme d’action
C’est que, la stratégie et les actions initiées par le maire de la ville de Douala et implémentées par la Police Municipale commencent à porter des fruits. La trentaine bien entamée, cette jeune dame, brave, dynamique qui aime le terrain n’a pas peur de se salir les mains, ou de transpirer. C’est dans cette dynamique qu’elle a relevé le défi de faire régner l’ordre au Carrefour Ndokoti, le carrefour où règne le plus de désordre à Douala. « Tout le monde avait peur de Ndokoti. Et je m’y suis lancé. J’utilise la méthode participative. J’intègre les acteurs du désordre à mener les actions du bon ordre. Personne ne sort de sa maison dans l’intention de nuire à la ville, mais pour chercher son pain quotidien. Nous expliquons aux populations que pour le bien de notre ville, essayons de la maintenir propre, et qu’il est bon qu’elles y participent, qu’elles y apportent leur contribution », explique celle qui est par ailleurs mère de famille.
Et le message passe, parfois. En accord avec les commerçants et bendskinneurs, les espaces à ne pas franchir ont été délimités. « Et quand il y a un récalcitrant, ils m’appellent, me le montrent et me demandent de casser sa table. Et tout se passe dans le bon ordre. Parfois, on saisit la marchandise du commerçant qui ne respecte pas les règles établies ; ou encore, on le fait balayer la route, une manière pour lui de contribuer à la propreté de la ville. La signalisation a également été faite pour que les taxis et motos aient un espace de stationnement un peu retiré des carrefours, pour fluidifier la circulation », explique Arlette Alemoka.
Et pour s’assurer que commerçants et bendskinneurs ne reviennent pas s’installer après le passage de la Police municipale, Arlette Alemoka a, sous l’initiative du maire de la ville de Douala, Dr Roger Mbassa Ndine, lancé le projet des Ambassadeurs de contrôle de la circulation et de la sécurité routière. Leur mission, aider la ville à lutter contre le désordre urbain et réduire le chômage, assurer la fluidité de la circulation, aux points de chargement des taxis, notamment. Ces jeunes sont également des paires éducateurs. Cette idée naît après que, lorsque la police municipale mène des actions et s’en va, les populations se réinstallent sur la chaussée. Il fallait donc des personnes qui aident à réduire les accidents de la voie publique, tout en améliorant la fluidité du trafic Et cela porte ses fruits. « Nous avons commencé par un site pilote et un effectif de 47 personnes. Nous avons actuellement 23 sites et un effectif de plus de 300 personnes. Le projet est très apprécié des doualais », se réjouit la Directrice adjointe de la Police municipale.
Parcours
Au moment où elle arrive à la Communauté urbaine de Douala comme stagiaire académique, la jeune étudiante qu’elle est ne s’attend surement pas à la carrière qui l’attend. Alors étudiante en Licence en Management logistique et technique du transport multimodal à l’Institut Universitaire de Technologie, (Iut) de Douala, le stage qu’elle effectue à la Cud est jugé satisfaisant. Elle est alors recrutée en 2002. Dynamique, entreprenante, Arlette Alemoka occupe plusieurs postes de responsabilité, chef de bureau, chef de service, chef de département, chargé d’études, Directeur adjoint de la police municipale.
Son premier poste occupé est Chef de poste de liaison avec les opérateurs de transport. Sa formation l’oriente vers les métiers de transport. Elle est donc mise en contact très jeune avec les opérateurs du transport, qui ne sont pas du tout faciles. Il fallait recadrer les syndicalistes, les transporteurs, les chargeurs sur le terrain. Elle est ensuite appelée à gérer le service de la circulation, s’occupant pendant plusieurs années, de la gestion des feux tricolores ; de tout ce qui est organisation du transport urbain et interurbain, tout en s’occupant des infrastructures qui concourent à une meilleure mobilité dans la ville (feu, panneaux, signalisation verticale et horizontale).
Nommée chargée d’études, elle est alors contrainte de quitter le terrain pour s’occuper de tout ce qui est études prospectives et réflexions stratégiques en matière de transport, élaborant au passage le Plan de transport et de déplacement urbain. Elle participe également à l’élaboration du document d’enquête qui permet de révéler le moyen de transport le plus utilisé et des solutions pour améliorer, faciliter les déplacements des doualais. Après ce poste de chef de département de transport et mobilité qu’elle occupe à la direction des études, elle est rétrogradée chef de service, et nommée Secrétaire à la Commission interne des passations des marchés. Elle passe trois années à ce poste et apprend beaucoup sur les contours de la passation des marchés.
Nommée chef de département de la Circulation et du transport urbain, elle initie le projet Taxi vérify. Objectif, améliorer les conditions de transport. Les populations n’y adhèrent pas. Mais, cela permet de comprendre que les doualais ont plutôt besoin des moyens de transport de masse. L’accent est alors mis sur la réglementation en matière de transport, sur la lutte contre le transport urbain clandestin.
Défis
Arlette Alemoka est également impliquée dans l’un des défis du Dr Roger Mbassa Ndine, celui de libérer les intersections, d’organiser le secteur des mototaxis. Le dossier est piloté par le deuxième adjoint au maire de la ville. Un plan d’action d’assainissement et de professionnalisation du secteur transport est créé. Le travail a permis de comprendre comment est organisé le secteur des mototaxis ; d’intégrer leurs camps ; d’y tenir des réunions ; de trouver des terrains d’entente ; de travailler avec les leaders par arrondissement. Arlette Alemoka initie également le projet parking digital qui s’est arrêté à la phase pilote. L’idée était de permettre une meilleure politique de stationnement pour mieux gérer les flux. La chef de département de la circulation, qu’elle est en ce moment-là, ressuscite la signalisation au sol, verticale, et même l’adressage.
Sur le terrain, les difficultés, et résistances rencontrées avec les commerçants, conducteurs de moto notamment sont multiples. Arlette Alemoka accompagne la vision du maire de la ville et sa détermination à améliorer le cadre de vie des doualais. « Nous ne faisons qu’implanter la vision du maire de la ville. Il nous dit ce qu’il veut faire de la ville de Douala et nous cherchons les solutions. Quand il valide nos propositions, on implémente. Et il met à notre disposition, les moyens pour le faire. Son accord déclenche toute action », note-t-elle, reconnaissante.
Bien que satisfaite de ce qu’elle a jusqu’ici réalisé, Arlette Alemoka en veut plus. « Je veux accompagner le maire de la ville à trouver davantage de solutions pour améliorer les conditions de vie des populations. Quand je marche dans la rue et je vois un problème, je veux d’abord le résoudre avant de passer. Je lui ferai davantage de propositions jusqu’à ce que Douala soit plus belle », argue-t-elle, déterminée. L’ancienne élève du lycée bilingue d’application de Yaoundé de la 6ème en Terminale est titulaire d’un master 2 en économie des transports et logistique des échanges à l’université de Yaoundé 2. Elle a également fait des formations dans les Marchés publics et dans les domaines ayant trait au transport urbain. Reconnaissante envers la Cud qui, souffle-telle, « m’a tout donné et à qui je dois tout », reconnait-elle, celle que les bendskinneurs appellent » la mère » entend ne jamais baisser les bras.
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