Avant même la guerre en Ukraine, le monde comptait 59 millions de déplacés l’an dernier

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Les réfugiés et les déplacés de la guerre en Ukraine sont loin d’être les seuls dans cette situation. C’est ce que vient rappeler un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés. Le nombre de personnes déplacées n’a jamais été aussi important dans le monde. 

Plus de 59 millions de personnes sont concernées aujourd’hui sur la planète. C’est un record sans précédent. Et on parle uniquement des personnes déplacées : il ne s’agit pas des réfugiés qui se sont exilés dans un pays étranger. Ce sont les personnes qui sont restées dans leur pays mais ont dû fuir leur maison, leur ville, leur région. Lors de la seule année 2021, entre 14 et 15 millions de personnes supplémentaires ont fui leur domicile et pris la route. C’est la conclusion de ce rapport très dense publié ce 19 mai par deux instituts spécialisés sur le sujet, l’IDMC et le Conseil norvégien des réfugiés.

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Ces chiffres dressent le bilan à la fin de l’année 2021. Autrement dit, ils ne tiennent même pas compte de l’impact de la guerre en Ukraine : rappelons que le conflit, à ce jour, a poussé six millions d’Ukrainiens à trouver refuge à l’étranger (la moitié en Pologne). Et sept à huit millions d’autres à se déplacer ailleurs dans leur propre pays. Cela veut dire qu’un Ukrainien sur trois a quitté son domicile depuis trois mois. Et ça veut donc dire aussi que les chiffres de 2022 seront certainement encore pire que ceux de 2021. Ce rapport recoupe aussi en grande partie les conclusions de l’ONU publiées il y a deux semaines sur l’essor de l’insécurité alimentaire dans le monde : près de 200 millions de personnes touchées, là encore un record. Leur nombre a doublé en cinq ans.

Les drames de l’Éthiopie et de la République Démocratique du Congo

Et ce sont les mêmes pays qui sont concernés. En premier lieu, l’Éthiopie en Afrique de l’Est : cinq millions de personnes déplacées dans ce pays touché à la fois par la sécheresse et par une guerre interne dans la région du Tigré. Avant l’Ukraine, c’était, et de loin, le plus grand mouvement de population dans le monde. Ce n’est pas beaucoup mieux en République Démocratique du Congo au cœur de l’Afrique : là encore les nouveaux déplacés se comptent par millions, près de trois millions de personnes. Toujours en Afrique, ça se dégrade également au Burkina Faso, touché par l’instabilité politique et le terrorisme islamiste.

En Afghanistan après le retour au pouvoir des talibans, les chiffres demeurent très élevés ainsi qu’en Syrie, en Libye, en Irak, en Colombie. Même si dans ces pays, la situation s’est stabilisée. Autre enseignement marquant de ce rapport : le nombre de jeunes et de mineurs parmi ces personnes déplacés. Les moins de 18 ans représentent près de la moitié du total (25 millions). Avec des conséquences potentiellement dramatiques, souligne le rapport : de nombreuses filles sont exposées aux maltraitances et aux viols, de nombreux garçons sont des proies pour le recrutement d’enfants soldats.

Guerres et réchauffement climatique

Les causes de ces déplacements massifs de population sont connus: il y a deux déclencheurs principaux. Le premier, ce sont bien sûr les guerres ou les crises politiques majeures : l’Éthiopie, le Burkina, le Soudan du Sud, la Birmanie. Aujourd’hui l’Ukraine. Le second, ce sont les catastrophes naturelles, les cyclones, les sécheresses. En particulier en Asie, en Chine, en Inde, aux Philippines. Et dans la bande du Sahel en Afrique.

Le fait nouveau, c’est que les deux phénomènes sont souvent liés : les catastrophes météo intenses, de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique, entraînent des déplacements qui provoquent des crises politiques, des conflits pour l’accès aux ressources. C’est un cercle vicieux. Et cela ne va pas s’arranger avec l’évolution du climat.

JE

Source :FRANCEINFO

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