Douala : 21 personnes décèdent à la suite du drame de Dikolo un an après.

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Me Ewoudou Ebongue Jeanne , avocate et victime dans cette affaire, constitue la 21e personne frappée par le déguerpissement illégal et inhumain des populations de Dikolo le 14 Mai 2022. Elle a rendu l’âme le week-end dernier ( 06 Mai 2023) à la suite d’un choc émotionnel dû à cette triste affaire, dont l’issu reste et demeure incertain.

La localité de Dikolo continue à compter ses morts un an après l’éviction forcée des populations sur ce site situé dans le Canton Bell , arrondissement de Douala 1er. A ce jour , c’est – à -dire un an après le déguerpissement , une vingtaine de personnes ont déjà rendu l’âme . Parmi ces victimes décédées durant ces derniers mois , figure l’avocate au barreau du Cameroun Me Ewoudou Ebongue Jeanne , très active dans ce dossier. Puisqu’elle avait un double statut dans cette affaire. A savoir victime et avocate du collectif des victimes de Dikolo. Elle a malheureusement rendu l’âme sans toutefois achever ce combat dont l’issu reste et demeure incertain .Les journées commémoratives du drame de Dikolo prévues les 13 et 14 Mai prochain sur le site de Dikolo à Bali seront dédiées à ce défenseur des droits de l’homme, tombé les armes entre les mains .

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Journées commémoratives.

Le 13 Mai 2023 , un investissement humain sera effectué sur le site de Dikolo envahi aujourd’hui par des hautes herbes , suivi de la construction d’une case traditionnelle en raphia . Dimanche 14 Mai 2023 , toujours sur le même site , un recueillement ou culte œcuménique sera organisé en mémoire des victimes disparues de Dikolo. Puis s’en suivra un rituel traditionnel conformément aux us et coutumes du peuple Sawa. 《 C’ est très important que nous commémorons cette date . C’est une date historique…Demain , les livres d’histoires vont parler des casses sauvages de Dikolo …la journée du 14 Mai doit être une journée de recueillement pour les victimes de ce genre d’acte . Dikolo n’est qu’un exemple, il y’ en a plusieurs et partout au Cameroun…j’invite tous les Camerounais qui ont encore foi et épris de justice à se joindre à nous le samedi 13 et le dimanche 14 Mai 2023 sur le site de Dikolo pour commémorer le triste anniversaire marquant les un an du déguerpissement sauvage et inhumain des populations à Dikolo …》Appel lancé par Patrick Moudissa , représentant des victimes de Dikolo.

Un an après l’éviction forcée des populations à Dikolo, le calvaire des victimes s’accroit.

Patrick Moudissa, représentant des victimes de Dikolo .

Les propriétaires légaux de Dikolo souffrent le martyr depuis la démolition irrégulière de leurs maisons d’habitation et leurs biens immobiliers. 《 Les douleurs sont atroces … l’injustice est assez grave . Depuis 2014 , l’épée de Damocles pèse sur nos têtes …ce titre foncier querellé ( le titre foncier 750 Wouri ) se trouve à Deido Bonatone et non à Dikolo …il y’a une sorte de volonté manifeste de faire un passage en force. Les administrateurs véreux en complicité avec les hommes d’affaires sans foi , ni loi se sont réunis pour exproprier illégalement nos terres , Dikolo est un symbole fort pour le Cameroun …nous n’allons pas nous laisser faire, aucun hôtel ne sera construit à cet endroit. Où est notre village? où allons nous vivre ? Tous les Dikolois ont perdu leur investissement évalué à 60 millions de francs CFA le mois à travers des bails… 》 décrit et dénonce Patrick Moudissa, représentant des victimes.

A Dikolo , les victimes sont déboussolées , désorientées , amorties par le choc psychologique et émotionnel . Désormais, le quotidien est infernal. Les victimes sont sans abris …elles squattent les domiciles de certains membres de leurs familles. Les élèves ont arrêté brusquement leur scolarisation.

Moukouri Bell Charles Henri, victime de Dikolo.

《Nous n’avons plus de pays …nous n’avons plus de village…nous n’avons plus d’histoires. Mais l’histoire des Sawa c’est à Dikolo. Concernant les élèves et étudiants, leur condition de vie est quasiment précaire…nous vivons dans une promiscuité absolue …ils sont dans la rue . Pour moi pareil …Je squatte quelque part et mettez – vous en tête que cette situation a entraîné beaucoup de décès …plus d’une vingtaine de décès . Il s’agit des personnes qui n’ont pas pu supporter ce qui s’est passé ce 14 Mai 2022 à Dikolo…nous avons eu des tombes profanées de nos parents et grands parents…nous avons perdu beaucoup de choses …nous sommes finalement dans quel pays ? Quest -ce que nous avons fait ? Pourquoi on ne s’occupe pas de nous après un an ? On préfère garder l’herbe qui pousse à profusion…》 dénonce Moukouri Bell Charles Henri, victime de Dikolo.

Les attentes des victimes de Dikolo vis à vis des autorités compétentes …

Selon Abel Elimbi Lobe , l’un des maillons clés de cette affaire, les attentes des victimes de Dikolo sont très claires . Elles exigent que le décret d’expropriation du premier ministre soit purement et simplement retiré . D’une part , il exproprie le titre foncier no 750 Wouri . Or , ce titre foncier d’une superficie de 143 m2 ne se trouve pas à Bali ni à Dikolo . Mais à Deido au lieu dit Bonatone. D’autres part , ce fameux décret d’expropriation d’après Abel Elimbi Lobe est truffé de vices et d’irrégularités. Pour ce dernier, la mise en exécution de ce texte entraîne ipso facto la destruction de 21 titres fonciers appartenant aux propriétaires légaux des terres ancestrales. Par ailleurs, le collectif des victimes de Dikolo avait saisi le juge du tribunal administratif pour exiger le retrait de ce décret d’expropriation du premier ministre. Malheureusement, ce collectif sera débouté pour défaut de qualité . Car n’étant pas concernés par ledit décret d’expropriation.

Abel Elimbi Lobe , consultant des victimes de Dikolo

《 A l’issue du travail effectué par la commission adhoc mise sur pied par le gouverneur de la région du littoral, Yaounde a utilisé un narratif obscur et très ambiguë en précisant que ledit rapport a été transmis à qui de droit…c’est qui à qui de droit ? le chef de l’État, le premier ministre, le Minat, le ministre des domaines…en plus l’on constate que les 3 titres fonciers délivrés à l’État du Cameroun notamment no 924 , 925 et 926 ont été non seulement irrégulièrement établis , mais aussi n’ayant aucune borne commune …sur le même site , il y’a des titres fonciers qui ont été délivrés avant les indépendance du Cameroun .C’est le cas du titre foncier no 5 Wouri établi en 1949 et appartenant à famille Nana …》 indique Abel Elimbi Lobe.

Georges Syriac Sabeyiam, juriste de formation et acteur de la société civile , tente d’analyser cette affaire sur le plan juridique. Pour lui , l’article 95 de la loi 2004 sur l’urbanisme est clair .

Georges Syriac Sabeyiam , juriste et acteur de la société civile

《 la sécurité foncière est assurée par le détenteur par l’État du Cameroun. Et dans ce qui s’est passé à Dikolo ,c’est carrément le contraire…la pléthore de texte interne a été violée en la matière, notamment la loi 85 portant expropriation pour cause d’utilité publique…il est important de relever 3 subterfuges qu’on ne saurait dédouaner l’Etat du Cameroun…Les casses se déroulent , tout le monde est indigné . Dans une sorte de mea culpa, l’État devrait prendre une mesure disciplinaire conservatoire à l’endroit de son agent qui a posé l’acte…c’est pénible pour les victimes de vivre au quotidien. On constate un manque de compassion , ni apaisement des coeurs .On s’attendrait à un accompagnement psycho social du ministère des affaires sociales à l’endroit des victimes de Dikolo…Les victimes doivent être dédommagées , le préjudice doit être réparé …ce site doit être restitué aux deguerpis …Les auteurs de cet acte doivent être sanctionnés parceque l’État a suspendu les travaux sur le site . Ce qui signifie que l’État ne se reconnaît pas dans les pris par les autorités administratives ayant deguerpis les populations de Dikolo. Il faut les sanctionner pour que les actes similaires ne se reproduisent plus . Il faut également indemniser les victimes pour le préjudice matériel et moral subis. L’État doit mettre sur pied une cellule d’accompagnement psycho social des victimes …vous imaginez le choc émotionnel qu’elles ont subis .On dénombre une vingtaine de morts .》confie Georges Syriac Sabeyiam.

Didier Kieretu / Jules Epoh : +237 699 92 70 54 / 683 66 63 73 

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