Cameroun- Nkam : les communautés Banen s’opposent à la spoliation de leurs terres ancestrales par L’Etat.

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Face à la presse vendredi 14 Juillet 2023 à Douala sis à Bali , le peuple Banen , a une fois de plus martelé et réaffirmé son refus catégorique de voir leur terres ancestrales spoliées par le gouvernement à travers le décret du premier ministre signé le 27 Avril 2023 , faisant de la forêt d’Ebo, le domaine privé de l’État.

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Malgré l’interruption brusque de la conférence de presse par la police , qui d’ailleurs était en cours dans un hôtel de la place , la communauté Banen a réaffirmé sa ferme volonté et sa détermination de ne pas lâcher prise dans cette affaire foncière qui vise à les dépouiller de leur terroir ancestral . Une position qui se traduit par les messages floqués sur les T- shirts avec la mention du genre

sa Majesté Yetina Victor chef du village Ndik Bassogog 1 et par ailleurs président de la plus grande association des Banen appelée  » Retour aux sources « .

 » les Banen disent non au vol de leurs terres… non à l’accaparement des terres ancestrales Banen » . Des dénonciations qui traduisent le courroux d’une communauté qui dit être victime de l’injustice . Une décision gouvernementale qui met en péril un retour probable des populations Banen déplacées autrefois de la forêt d’Ebo, dans leurs villages d’origines situés dans l’arrondissement de Yingui, département du Nkam , région du littoral. Ce retour est désormais incertain vu le décret du premier ministre signé le 27 Avril 2023 . 《 Les Banen ne sont pas d’accord avec le décret qui a été signé et classe nos terres dans le domaine privé de l’État…et comme en 2020 , nous sollicitons les autorités de notre pays , qui ne peuvent pas nous priver de nos terres ancestrales…on refuse de vivre dans les enclos. Nous sommes camerounais au même titre que tous les autres. Dans notre hymne national, on dit  » cher patrie , Terre chérie, Terre de nos ancêtres…de quelle patrie on va parler? de quels ancêtres parlons – nous ? Si ce décret perdure…le message est clair. Les Banen n’en veulent pas le classement de leurs terres ancestrales dans le domaine privé de l’État 》 s’offusque sa Majesté Yetina Victor , chef du village Ndik Bassogog 1 et par ailleurs président de la plus grande association des Banen appelée  » Retour aux sources « .

Cette position tranchée de l’autorité traditionnelle est largement partagée par le peuple Banen , meurtrie par cette situation . Le conseil des populations victimes de cette décision du gouvernement n’est pas passé par quatre chemins pour remettre en cause le décret du premier ministre.

Me Ndom Batat Prosper , avocat au barreau du Cameroun et conseil de la communauté Banen en détresse.

《 Nous sommes contre ce décret du premier ministre qui vient consolider l’expatriation interne des Banen de leurs terres ancestrales. Cette expatriation date depuis 1960 à ce jour. Elle a été décidée par l’administration préfectorale en son temps qui était face à la lutte armée par les combattants de l’UPC ( l’Union des Populations du Cameroun) lors de l’accession à l’indépendance… notons que les populations de Banen ne se mettent pas à dos les lois de la république…par ceque les populations de Banen utilisent les lois républicaines pour faire des recours…si les populations se mettaient à dos des lois de la république , elles contesteraient la constitution, les institutions, les autorités … par contre ces populations plutôt vont vers ces autorités, reconnaissant d’abord la constitution du Cameroun qui est en vigueur et reconnaissant toutes les autorités qui incarnent les institutions mises en place par cette constitution pour faire entendre leur voix… donc les populations Banen sont des citoyens. Nous ne voulons pas d’enclaves…les enclaves ont une très mauvaise histoire dans le monde … des enclaves, c’est des réserves humaines , les zoo humains. Si vous parcourez l’histoire des États-Unis, vous avez entendu parler des réserves indiennes…ces enclaves prévues par le décret du premier ministre, sont contraires à la constitution du Cameroun qui reconnaît l’Autochtonie dans son préambule. D’où vient t- il qu’un décret du premier ministre soit contraire à la constitution du Cameroun pour créer les enclaves humaines à l’intérieur d’un pays refusant la citoyenneté…》 critique Me Ndom Batat Prosper , avocat au barreau du Cameroun et conseil de la communauté Banen en détresse.

Au cours de cette rencontre avec la presse nationale et internationale, la notabilité coutumière de la communauté Banen a restitué l’origine de ce problème qui date depuis 1960. 《 Nous les Banen, on a été deguerpis pour se retrouver dans les zones qui n’étaient pas les nôtres…c’est pour ça que les Banen sont répartis un peu partout dans le Cameroun. Vous allez dans le Moungo, vous allez trouver les Banen…vous allez à Douala , vous allez retrouver les Banen et nous les Banen, nous voulons vraiment rentrer chez nous …les Banen veulent être unis pour trouver les voies et moyens de rentrer dans leurs villages …》 explique Daniel Ebo , notable du canton Ndokbiakat .

sa majesté Ebenezer Toutou, chef de canton.

《 en 1963 , le village faisait l’objet de troubles, envahi par une rébellion armée par le mouvement des upecistes. Pour que la force loyaliste ( l’armée ) réussisse à pacifier nos villages, le préfet du Nkam à l’époque avait alors pris un arrêté nous demandant de partir…qu’une fois la région pacifiée, il nous ramènera à nos villages…60 ans plutard, nos cases , les tombes de nos ancêtres ont été envavahies par les arbres donnant l’illusion d’une forêt…Nous avons été choqués que l’État à travers le décret du premier ministre signé le 27 Avril 2023 , fasse de nos villages la propriété privée de l’État. Nous sommes des déplacés internes…faire de nos villages la propriété privée de l’État veut dire que nous n’avons plus de village… 》 déplore sa majesté Ebenezer Toutou, chef de canton.

Selon l’ONG Greenpeace Afrique, le processus de classement ne semble pas avoir respecté les dispositions légales et réglementaires. Pour elle, le retrait du décret de classement en 2020 suppose que tout nouveau processus de classement devrait prendre en compte le droit de préemption de ces populations sur la forêt. Par conséquent, Greenpeace Afrique
invite le gouvernement camerounais à revenir en urgence sur cette décision qui met en mal le bien être et l’avenir de ces communautés ainsi que la riche biodiversité que cette forêt abrite.

Didier Kieretu /jules Epoh : +237 683 66 63 73 / 699 92 70 54

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