Cameroun – violation des droits humains : l’ONG Un Monde Avenir dresse un tableau peu reluisant.
Le deuxième rapport trimestriel sur la situation des droits humains au Cameroun allant du mois d’avril au mois de juin 2022 est d’ores et déjà disponible. Il a été rendu public ce vendredi 12 Août 2022 à Douala par l’organisation non gouvernementale Un Monde Avenir en compagnie des autres OSC ( organisations de la société civile )à l’instar du réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale ( Redhac) , du centre pour les droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale (CHRDA) , du Nouveau Droit de l’homme ( NDH) , plateforme des organisations de la société civile pour la démocratie, Dynamique citoyenne et plusieurs autres organisations sous la coordination de l’ ONG Un Monde Avenir . Ce rapport de 46 pages, met l’accent sur les violences et les violations des droits humains d’avril à juin 2022 . Il s’agit des droits civils , politiques , économiques , sociaux et culturels . Ce tableau sombre retrace également les violences basées sur le genre, les faits et exactions attribuables aux groupes armés non gouvernementaux dans les régions du Nord-ouest et du sud-ouest , les exactions attribuables aux groupes terroristes boko haram dans la partie septentrionale du pays …
Ce deuxième rapport trimestriel sur la situation des droits humains s’inscrit dans un contexte de crise socio-politique et sécuritaire toujours tendu dans plusieurs régions du pays . Sur cette période de reporting , la situation fait état de plus de 300 personnes tuées , plus de 170 personnes enlevées avec demande de rançon et plus de 30 situations d’incendies sur l’ensemble du territoire national . Le collectif des organisations de la société civile qui a produit ledit rapport , met en exergue 0 4 cas d’arrestations illégales , 06 cas de violation des libertés d’expression, de presse , de réunion et de manifestations publiques.
Au-delà de ces incidents enregistrés dans les régions en crise ,( Nord-ouest et sud-ouest ) , le groupe du travail , à l’origine de ce rapport trimestriel , relève également que le Cameroun fait face à une situation de vie chère liée à l’augmentation exagérée des prix de certaines denrées de première nécessité sur le marché local. Toute chose qui alarme les populations. Il en est de même de la répression sauvage des manifestations des personnes vivant avec un handicap , précisément les malvoyants qui ont été arrêtés puis incarcérés pendant des heures au commissariat no1 de Yaoundé le 27 juin 2022. En effet , le collectif des malvoyants se rendait dans les services du premier ministre avec un certain nombre de revendications parmi lesquelles le respect des dispositions légales en lien avec l’intégration dans la fonction publique des personnes vivant avec le handicap. Dans les régions en proie à la crise socio-politique , l’équipe de rédaction dudit rapport a relevé plusieurs cas de violation dans le conflit opposant les groupes armés non gouvernementaux à l’armée régulière. Des groupes armés non étatiques multiplient davantage des attaques contre les forces de défense et de sécurité , des offensives en utilisant de plus en plus des armes modernes et des engins explosifs improvisés. L’on note aussi une montée des attaques à l’aide des engins explosifs improvisés . Toujours au chapitre des violations des droits humains , plusieurs bâtiments de l’hôpital de district de Manfe dans le Sud-ouest ont été réduits en cendres du fait des groupes armés non étatiques. En plus ces groupes armés ont enlevé plusieurs civils parmi lesquels une parlementaire du RDPC ( rassemblement démocratique du peuple Camerounais ) , parti au pouvoir. En raison des conflits fonciers et agropastoraux, la commune d’ Akwaya dans le Sud-ouest a été l’illustration d’un violent conflit ayant généré des violences intercommunautaires entraînant au passage des dégâts extrêmement lourds et regrettables notamment le décès de 32 villageois.
Dans la région de l’extrême-Nord, la situation sécuritaire s’est fragilisée ces derniers mois avec la recrudescence des attaques de la secte islamiste Boko haram faisant des morts , des enlèvements avec les demandes de rançons. Les attaques à répétition sont également orientées contre les positions des forces de défense et de sécurité et les populations civiles dans les villages enclavés et isolés.
Expropriations des populations à Douala.
Le groupe de travail a aussi fait allusion au Déguerpissement et démolitions sommaires des habitants de Dikolo- Bali pour cause d’utilité publique apprend-on. L’affaire Amadou Vamoulke figure également dans ce rapport. Le groupe de travail rappelle que depuis plus de 5ans ,l’ancien directeur général de la CRTV est toujours en détention provisoire. Ce journaliste de formation faut-il le noter avait été arrêté en 2016 pour détournement de fonds publics présumé . Le tribunal criminel spécial chargé de gérer cette affaire a dû reporter son procès plus de 85 fois . Dans une affaire où le prévenu ne cesse de clamer son innocence. La justice n’a apporté jusqu’ici la moindre preuve aux faits pour lesquels il est poursuivi. L’ONG Un Monde Avenir estime qu’il s’agit d’une détention arbitraire.
Pour l’ONG Un Monde Avenir et ses partenaires , ce travail de terrain vise à fournir un rapport rationnel et global qui renseigne le peuple Camerounais et sert d’outil de plaidoyer au niveau national et international en vue de mettre fin aux violations des droits humains au Cameroun. Au plan des recommandations , le groupe du travail à travers Philippe Nanga leader de l’ONG Un Monde Avenir, invite les journalistes et le gouvernement à s’approprier de ce rapport afin de faire large diffusion pour que nul en n’ignore. Il les exhorte également de ne plus trop prêter le flanc aux rapports exogènes produits par les organisations non gouvernementales internationales au détriment des rapports produits régulièrement par les OSC locales. Autres recommandations , le groupe du travail milite pour que l’on autorise les organisations non gouvernementales à enquêter et de se déployer en toute liberté dans les zones où les violations des droits humains ont été commises et de procéder à des sanctions systématiques lorsqu’il y’a des manquements et rendre public des sanctions. Ce groupe de travail prône également pour le renforcement des capacités des acteurs publics sur les questions des droits de l’homme et droit humanitaire. Ainsi que le renforcement des mécanismes de surveillance des pratiques dans les lieux de détention en facilitant des inspections des organisations non gouvernementales dans les lieux. Autres recommandations, augmenter les capacités d’accueil en construisant de nouvelles prisons . Améliorer les conditions d’alimentation, de couchage et de soins au sein des prisons. Renforcer les mécanismes de dénonciation des abus commis par le personnel pénitentiaire et des pratiques de racket sur les détenus.
Didier k.