Conflits fonciers et forestiers dans le Nkam : la société civile joue la médiation à Yabassi.

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L’association  » Hope and Health for African Community and Environment  » ( H2ACE) , par ailleurs membre de l’observatoire du Littoral pour la Terre ,a organisé le 05 Juillet 2023 à Yabassi , un atelier consacré au lancement du projet d’évaluation des impacts socio-économiques , culturels et environnementaux dans trois villages de Yabassi. Objectif : promouvoir la gouvernance foncière et forestière dans le littoral en faveur du respect des droits des communautés.

Le littoral fait partie des régions du pays qui connaissent d’énormes défis de gouvernance des terres et des ressources naturelles . Le cas patent est celui du département du Nkam avec ses forêts à l’extraordinaire biodiversité qui accueille à la fois des compagnies d’exploitation forestière , les agro- industries , des guides de chasse , des agences de conservation de la biodiversité… ces richesses constituent une source de convoitises de la part des multinationales, tant de l’agro – industrie que de l’industrie minière des biocarburants ainsi que des opérateurs locaux. Ces terres , socle sur lesquelles s’appuient les communautés rurales pour leur subsistance, leur emploi et la génération de leurs revenus , relèvent encore toutes du domaine national . Autrement dit, ces terres ne sont pas immatriculées . Ce qui crée une insécurité foncière dans les villages du Nkam . Très souvent , la communauté villageoise est lésée dans l’exploitation foncière et forestière par les agro – industries . Ce qui est à l’origine des conflits ouverts qui s’observent généralement entre les communautés rurales à travers les chefferies traditionnelles et les multinationales qui exploitent ces ressources. C’est le cas du différend qui oppose désormais la communauté du village Ndogbakang à une société multinationale appelée Greenfil.

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SM. Mme Koundè Marie chef du village Ndogbakang.

《 la pomme de discorde , c’est que nos partenaires ne respectent pas le cahier de charge .En plus le préfet a demandé qu’on respecte le cahier de charge. Ça n’a jamais été fait . Mais nous sommes restés à nous suspecter . Avec tout ce que LLO est en train de faire , nous espérons que les choses seront désormais claires . A partir de là , le contrat sera gagnant – gagnant . Je fonde beaucoup d’espoir sur LLO . Car il n’a pas de parti pris …il est arbitre , il ne dira que la vérité… j’attends qu’il nous appuie, par ce que nous sommes une population faible…déjà Nous ne sommes pas instruits dans le domaine…nous ne connaissons pas assez …j’attends de LLO qu’il nous aide à atteindre notre objectif. Que le contrat soit gagnant – gagnant. Que l’entreprise gagne en même temps que les populations…Que Nous ne soyons pas léser comme nous le sommes jusqu’aujourd’hui par ce qu’il y’a longtemps, nous nous sommes plaints de la manière dont le bois a été exploité sur une grande superficie et le village n’a rien profité…nous pensons que ce qui a échoué auparavant ,trouvera solution aujourd’hui . Au moins cette fois , on nous a écouté…》 s’exprime SM. Mme Koundè Marie chef du village Ndogbakang.

Cependant , la société Greenfil reste ouverte à toutes les discussions susceptibles d’aboutir à un dénouement heureux.

Ahmed Mohamadou, directeur de plantation Greenfil

《 Au sortir de cette assise, Greenpeace reste disponible pour accompagner les actions entreprises et validées par le préfet du Nkam par rapport au bornage et à la cartographie des espaces occupés par ladite société dans le village Ndogbakang. Nous ne sommes pas responsables des dégâts qui ont été causés. Il y’a assez d’exploitants négociés par les chefferies. Tout ce qui est de destruction de l’environnement est dédié à Greenpeace. Cette action viendra nettoyer l’image qu’on a collé à Greenpeace depuis un certain temps…cette action en collaboration avec l’administration et tous les sectoriels du Nkam. En principe, les négociations ne sont pas bloquées …on attendait juste la réaction du village Ndogbakang. Puisque par le passé, on a initié une assise avec le préfet , aucun chef n’est venu. 》 relève Ahmed Mohamadou, directeur de plantation Greenfil.

Dans ce contexte conflictuel, l ‘ observatoire du littoral pour la Terre s’est proposé d’accompagner les communautés victimes des problèmes d’accaparement de leurs terres.

Iris Flore Ngo Nlken , présidente de l’association H2ACE.

《 il s’agit des agro- industries, des exploitants forestiers, des sociétés minières qui exploitent certaines ressources au détriment de la population. Ceci est dû au fait qu’ il n’y a pas eu une bonne compréhension de la loi . Cette loi foncière ou forestière n’est pas bien comprise par les les communautés locales et les sociétés exploitantes…il y’a aussi le manque d’accompagnement des organisations de la société civile…》 réagit Iris Flore Ngo Nken , présidente de l’association H2ACE.

Au cours de cet atelier, bon nombre de participants ont reconnu unanimement que le Cameroun dispose de très bons textes. Seulement , ils relèvent que c’est leur mise en application qui pose problème. Alors qu’il existe un arsenal juridique qui encadre l’exploitation forestière ou foncière.

《 lorsqu’on n’a pas respecté la loi dans le cadre d’une procédure , ça peut prêter à confusion . On ne peut pas bien comprendre certaines situations . Depuis que le préfet du Nkam a mis sur pied le cadre de concertation entre les deux parties , vous voyez que les choses vont bon train. Nous avons assisté à une réunion au cours de laquelle nous avons adopté un certain nombre de résolutions qui vont être implémentées sur le terrain. Je vais simplement demander aux populations de rester sereines, car l’administration est là pour que les populations n’aient aucune difficulté … 》 rassure Kuaté Ngnié Achille représentant du préfet du département du Nkam.

Durant l’atelier, le maire de Yabassi a révélé que , l’arrondissement éponyme s’étend sur près de 3080 km2. Un arrondissement de Yabassi extrêmement vaste , mais qui ne bénéficie pas des retombées .

《 quand on voit les activités qui sont menées , les activités agro – industries installées à Yabassi, on se rend compte qu’en réalité , il y’a une dichotomie de ce que Yabassi a comme ressources et ce que Yabassi reçoit en retour…pourquoi les populations restent dans cette pauvreté extrême ? Alors que nous avons toutes les ressources. Je vais donc remercier les organisateurs de cette cérémonie, qui ont percé cet abcès…》 dénonce Eba Mirabeau maire de Yabassi.

l’organisation de la société civile qui mène la médiation sur le terrain, a su trouver un accord commun entre les différentes parties en conflit.

Voir le reportage TV : https://www.youtube.com/watch?v=Fil36BEL-b0

Didier Kieretu / Jules Epoh envoyés spécial à Yabassi +237 699 92 70 54 / 683 66 63 73

 

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