Législatives 2022 : ministres, présidentiables, têtes d’affiche… Voici les 20 duels à suivre au second tour
Plus de 48 millions de Français sont appelés à élire leur député. Le sort de nombreuses personnalités politiques est en suspens.
A quoi va ressembler la nouvelle Assemblée nationale, dimanche 19 juin, au soir du second tour des élections législatives ? Alors que cinq députés ont été élus dès le premier tour, dimanche 12 juin, 572 sièges de l’Hémicycle doivent encore trouver preneurs pour les cinq ans à venir, à l’issue d’un scrutin qui devrait de nouveau être marqué par une très forte abstention.
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Pour y voir clair dans une élection complexe aux nombreux enjeux, franceinfo s’est penché sur les différents duels du second tour. Nous en avons sélectionné 20, particulièrement intéressants à suivre en raison d’un écart de voix très serré au premier tour, avec des responsables politiques en difficulté ou des nouveaux visages désireux de créer la surprise.
Chez les membres du gouvernement
• Damien Abad, dans la 5e circonscription de l’Ain. Visé par plusieurs accusations de viol, dont un nouveau témoignage publié mardi par Mediapart, Damien Abad se retrouve malgré tout en situation de l’emporter dans la 5e circonscription de l’Ain. Le ministre des Solidarités, député sortant, est arrivé en tête au premier tour avec 33,38%, loin devant Florence Pisani, sa rivale de la Nupes, deuxième avec 23,54%. Au second tour, Damien Abad pourrait notamment bénéficier du report de voix du candidat des Républicains, son ancienne famille politique, qui avait receuilli 9,93% des suffrages.
• Stanislas Guerini, dans la 3e circonscription de Paris. C’est l’un des ministres en difficulté avant le second tour des législatives. Dans la 3e circonscription de Paris, Stanislas Guerini est en ballotage défavorable face à Léa Balage El Mariky, candidate de la Nupes. Le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, député sortant de cette circonscription du nord de la capitale, a recueilli 32,51% des voix contre 38,66% pour sa rivale. S’il s’incline, le délégué général de La République en marche devra quitter le gouvernement, comme les autres ministres.
• Elisabeth Borne, dans la 6e circonscription du Calvados. Pour la Première ministre, le second tour ne représente, a priori, pas de danger dans la 6e circonscription du Calvados. Elisabeth Borne est arrivée près de dix points devant Noé Gauchard, son jeune adversaire de la Nupes (34,32% contre 24,53%). Celle qui n’a jamais été élue au suffrage universel a davantage de réserves de voix que son opposant LFI, qui compte sur la mobilisation des abstentionnistes pour rattraper retard.
• Clément Beaune, dans la 7e circonscription de Paris. Comme Stanislas Guerini, lui aussi est en difficulté à Paris, dans la 7e circonscription de la capitale. Ministre délégué chargé de l’Europe, Clément Beaune va devoir batailler face à l’avocate Caroline Mecary, candidate de la Nupes. L’ancien secrétaire d’Etat aux Affaires européennes a rassemblé 35,81% des suffrages au premier tour, contre 41,4% pour son adversaire de gauche. Dans un duel extrêmement tendu, les reports de voix du candidat LR, Aurélien Véron (5,06%), pourraient faire pencher la balance dans un match incertain.
• Amélie de Montchalin, dans la 6e circonscription de l’Essonne. Et si l’une des membres les plus importantes du gouvernement devait quitter l’exécutif après les élections législatives ? Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, est en difficulté dans la 6e circonscription de l’Essonne. Face à la députée LREM sortante (31,46%), le socialiste Jérôme Guedj, candidat de la Nupes, veut réussir à transformer l’essai au second tour après avoir obtenu 38,31% dimanche 12 juin.
• Justine Bénin, dans la 2e circonscription de Guadeloupe. On lui promettait un scrutin difficile, voire quasi-impossible à remporter. Mais Justine Bénin se retrouve en ballotage favorable dans la 2e circonscription de Guadeloupe, qui a voté pour Jean-Luc Mélenchon à 52,6% au premier tour de l’élection présidentielle. La ministre de la Mer a récolté 31,31% des voix, contre 26,78% pour le divers gauche Christian Baptiste, qui devrait néanmoins bénéficier de bons reports de voix des candidats battus.
Chez les anciens ministres
• Christophe Castaner, dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. Il y a cinq ans, Christophe Castaner avait largement battu le candidat « insoumis » Léo Walter au second tour des législatives avec 61,57% des voix. En 2022, celui qui a été trois ans au gouvernement avant de devenir président du groupe LREM à l’Assemblée nationale se retrouve en difficulté : il totalise 30,16% des voix au premier tour, contre 29,3% pour Léo Walter (Nupes), soit moins de 300 voix d’écart. Derrière, la candidate RN Aurélie Abeille a rassemblé 23,31% des suffrages, autant de bulletins qui pourraient permettre au candidat de gauche d’inquiéter Christophe Castaner, l’un des « marcheurs » de la première heure.
• Roxana Maracineanu, dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. Elle a la tâche difficile face à Rachel Keke, la candidate de la Nupes, dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. L’ancienne ministre des Sports est arrivée loin derrière l’ancienne femme de chambre à l’hôtel Ibis-Batignolles, avec 23,77% des voix contre 37,22%.
Au second tour, l’ex-nageuse, vice-championne olympique en 2000, mise sur un « front républicain contre l’extrême gauche » pour tenter de renverser la vapeur.
• Elisabeth Moreno, dans la 9e circonscription des Français de l’étranger. Va-t-elle être la seule candidate de la majorité à s’incliner dans une circonscription des Français établis hors de France, plutôt favorables au camp présidentiel ? Celle qui a été ministre de l’Egalité femmes-hommes du gouvernement Castex est en ballotage défavorable face au candidat de la Nupes, Karim Ben Cheïkh, qui la devance de douze points (40% contre 28,1%). Le second tour s’annonce donc très serré.
Chez les figures de la majorité
• Patrick Mignola, dans la 4e circonscription de Savoie. En difficulté pour sa réélection dans la 4e circonscription de Savoie, Patrick Mignola va-t-il pouvoir continuer de siéger à l’Assemblée nationale ? Pour le président des députés MoDem, une composante essentielle de la coalition Ensemble !, la tâche s’annonce rude, dimanche 19 juin, face à Jean-François Coulomme, le candidat de la Nupes. Ce dernier est arrivé en tête avec 34,4% des voix, contre 26,12% pour le cadre du parti centriste, qui espère toutefois un bon report des voix du candidat LR, arrivé quatrième avec 10,2%.
• Pierre-Yves Bournazel, dans la 18e circonscription de Paris. Figure d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, Pierre-Yves Bournazel est en ballotage défavorable dans la 18e circonscription de Paris, dans le nord de la capitale. Le député sortant, membre de la coalition présidentielle, a obtenu 35,57% des voix au premier tour. Candidat de la Nupes, le militant animaliste Aymeric Caron le devance de près de dix points (45,05%) et compte sur la force du vote pour Jean-Luc Mélenchon dans cette circonscription (36% à la présidentielle) pour l’emporter.
Chez les ex-candidats à la présidentielle
• Marine Le Pen, dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Pour l’ex-candidate du Rassemblement national, qui a obtenu plus de la moitié des voix au premier tour dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais (53,96%), le second tour ne revêt qu’un véritable enjeu : quelle sera l’ampleur de sa victoire dans ce territoire acquis à l’extrême droite ? Face à elle, la candidate de la Nupes, l’écologiste Marine Tondelier (23,43%), ne peut pas vraiment compter sur un front républicain. La candidate LREM éliminée, Alexandrine Pintus, a en effet refusé de se prononcer en sa faveur.
• Nicolas Dupont-Aignan, dans la 8e circonscription de l’Essonne. Contrairement à Marine Le Pen, les choses sont beaucoup plus compliquées pour Nicolas Dupont-Aignan dans la 8e circonscription de l’Essonne. Député depuis 1997, le président de Debout La France n’aura pas la tâche aisée face à une candidate de la Nupes, Emilie Chazette-Guillet, qui l’a talonné de trois petits points au premier tour (33,34% contre 30,5%). Au second tour, la candidate « insoumise » mise sur les voix des candidats de La République en marche et des Républicains pour déloger le souverainiste de l’Assemblée.
• Fabien Roussel, dans la 20e circonscription du Nord. Autre candidat à la présidentielle en difficulté, Fabien Roussel pourrait perdre son fief nordiste. Le secrétaire national du Parti communiste, opposé à Guillaume Florquin, n’a devancé son adversaire du Rassemblement national que d’un point et demi, avec 34,15% contre 32,62%. Au second tour, l’élu communiste, qui s’est tenu à l’écart de la Nupes, pourra cependant compter sur une partie des voix de la candidate LREM, éliminée au premier tour, qui a explicitement appelé à voter pour lui, au nom du front républicain.
Chez les personnalités d’opposition
• Eric Ciotti, dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes. Va-t-il décrocher un quatrième mandat de suite à l’Assemblée nationale ? Le député de la 1re circonscription des Alpes-Maritimes n’est pas assuré de conserver son siège au Palais-Bourbon. Certes, le candidat à la primaire LR a recueilli 31,7% des voix au premier tour, mais son adversaire LREM, Graig Monetti, n’est pas si loin derrière lui avec 25,92%. Surtout, il pourrait bénéficier de bons reports de voix de la candidate Nupes éliminée, Anne-Laure Chaintron (20,42%), pour créer une surprise à Nice.
• Cédric Villani, dans la 5e circonscription de l’Essonne. Elu député sous l’étiquette macroniste en 2017, le mathématicien s’est présenté avec le soutien de la Nupes cinq ans plus tard face au candidat d’Ensemble !. Paul Midy, directeur général de LREM, aborde le second tour en position d’outsider, avec 30,53% des suffrages, contre 38,2% pour le célèbre mathématicien. Derrière, les voix du candidat LR, Michel Bournat (16,03%), seront précieuses pour l’emporter.
• Raquel Garrido, dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis. C’est l’un des duels les plus scrutés : Raquel Garrido, médiatique avocate engagée à La France insoumise, veut empêcher Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, de remporter une cinquième élection législative d’affilée. Pour cela, la candidate de la Nupes compte sur son avance au premier tour (37,9% contre 33,41%) et de mauvais reports de voix pour le centriste, avec des candidats RN et LREM sous les 10%.
• Philippe Juvin, dans la 3e circonscription des Hauts-de-Seine. Dans l’une des sept triangulaires de ce second tour, Philippe Juvin devra batailler s’il veut devenir le député de la 3e circonscription des Hauts-de-Seine, au nord-ouest de Paris. Devancé de peu par la majorité (32,4% contre 31,14%), l’ancien candidat à l’investiture des Républicains aura peu de marge de manœuvre, dimanche 19 juin, alors que la candidate de la Nupes, Sarah Tij (23,1%), peut jouer les trouble-fêtes.
• Sandrine Rousseau, dans la 9e circonscription de Paris. Finaliste malheureuse à la primaire écologiste de septembre 2021, Sandrine Rousseau va-t-elle se consoler avec l’écharpe de députée de la 9e circonscription de Paris ? Pour l’heure, l’écologiste de la Nupes est en ballotage favorable face au candidat d’Ensemble !, Buon Tan, avec 42,9% contre 26,77% pour le député LREM sortant. Dans le 13e arrondissement de la capitale, ce dernier peut difficilement compter sur de bons reports de voix des candidats éliminés, tous sous les 8%.
• Stéphane Ravacley, dans la 2e circonscription du Doubs. Investi par la Nupes dans la 2e circonscription du Doubs, Stéphane Ravacley est au coude-à-coude avec son adversaire, le député LREM sortant, Eric Alauzet (32,51% contre 31,36%). Le boulanger, qui s’était fait connaître pour avoir fait une grève de la faim afin d’empêcher l’expulsion de son apprenti guinéen, en 2021, va devoir composer avec les reports de voix des candidats RN et LR, éliminés. Ceux-ci pourraient lui être défavorables dans le cadre d’un second tour à l’issue incertaine.
source FI