France-Législatives 2022 : pourquoi les projections attribuent-elles moins de sièges à la Nupes qu’à Ensemble !, malgré un nombre de voix similaire ?

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La majorité présidentielle pourrait envoyer entre 255 à 295 députés à l’Assemblée nationale, selon une estimation Ipsos-Sopra Steria, contre 150 à 190 pour la coalition de gauche.

Ils sont au coude-à-coude. Ensemble ! et la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) ont récolté un peu plus de 25% des suffrages lors du premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin. Un résultat si serré que l’identité du camp arrivé en tête était encore débattue lundi, les leaders de l’alliance de gauche contestant le décompte du ministère de l’IntérieurLes projections du nombre de sièges que pourraient obtenir les différents partis à l’issue du second tour laissent pourtant peu de doutes sur le visage de la future Assemblée nationale : elles donnent une avance conséquente à l’alliance autour d’Emmanuel Macron, même si elle risque ne pas atteindre la majorité absolue.

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Ensemble ! pourrait obtenir entre 255 à 295 des 577 fauteuils de l’hémicycle, selon l’estimation d’Ipsos-Sopra Steria, dimanche soir, pour France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et les chaînes parlementaires. La coalition de gauche disposerait, elle, d’un contingent compris entre 150 et 190 députés. Comment expliquer un tel décalage entre le nombre de voix et le nombre de sièges ?

Parce que l’élection ne se joue pas à l’échelle nationale

L’écart entre le nombre de suffrages exprimés sur l’ensemble du territoire et les projections en sièges s’explique principalement par le mode de scrutin. Les élections législatives se jouent dans 577 circonscriptions différentes, et non à l’échelle nationale. Dans chacune d’entre elles, les électeurs choisissent leur député au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Pour obtenir la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, un parti ou une coalition doit donc l’emporter dans un maximum de circonscriptions.

Il n’y a donc pas de proportionnalité entre le score d’un parti ou d’un bloc politique à l’échelle nationale et le nombre de circonscriptions qu’il peut remporter. Si ses électeurs sont inégalement répartis sur le territoire, ce mode de scrutin crée une distorsion entre son poids dans l’électorat et sa représentation à l’Assemblée nationale. C’est pour faire disparaitre ce décalage que certaines formations politiques plaident pour l’élection des députés à la proportionnelle. C’est le cas de la Nupes, mais aussi du Rassemblement national, à qui les projections prédisent entre 20 et 45 sièges alors qu’il a récolté 18,7% des voix.

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Parce que l’électorat de la Nupes est plus concentré dans certains territoires

Pour gagner des sièges aux législatives, il est plus efficace d’obtenir des résultats équilibrés dans un maximum de circonscriptions que d’avoir des scores très élevés dans certaines circonscriptions et très faibles dans d’autres. Ce fonctionnement a tendance à désavantager la gauche, dont les électeurs habitent essentiellement dans les zones urbaines et les banlieues périphériques. « La gauche a un électorat très concentré dans les grandes villes », expliquait à franceinfo Bruno Jeanbart, vice-président de l’institut de sondages OpinionWay, à quelques semaines des élections.

Ainsi, à Paris et en Seine-Saint-Denis, quatre candidats de la Nupes ont été élus dès le premier tour dimanche. Tous ont réussi à obtenir plus de 50% des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal à 25% du nombre d’électeurs inscrits dans leur circonscription. Un seul candidat de la majorité présidentielle a réussi la même performance : Yannick Favennec, en Mayenne.

Cependant, l’électorat d’Emmanuel Macron est plus homogène sur l’ensemble du territoire. Ensemble ! a ainsi réussi à se qualifier au second tour dans davantage de circonscriptions que la Nupes : 417 contre 380, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

Parce qu’Ensemble ! est avantagé par son positionnement centriste

Pour faire basculer l’Assemblée à gauche, « il faudrait que la Nupes gagne 80% de ses seconds tours« , analyse auprès de l’AFP Simon Persico, spécialiste de la gauche et chercheur à Sciences Po Grenoble. Or, l’alliance de la gauche ne part pas favorite dans nombre de ces duels en raison d’un désavantage sur les réserves de voix, qui seront potentiellement redistribuées en fonction des consignes de vote. Positionnée au centre de l’échiquier politique, la coalition Ensemble ! est en position de force de ce point de vue.

Les soutiens d’Emmanuel Macron peuvent, par exemple, espérer qu’une partie des électeurs qui ont choisi LR au premier tour se tourneront vers eux au second. « Quand les candidats Ensemble ! feront face à un candidat de gauche, ils bénéficieront de reports plutôt favorables des électeurs de droite, notamment des électeurs des Républicains, qui obtiennent des scores qui ne sont pas négligeables« , observe Mathieu Gallard, directeur d’études au sein de l’institut de sondages Ipsos-Sopra Steria, interrogé par franceinfo.

Pour emporter un maximum de sièges face à la majorité présidentielle, la Nupes mise de son côté sur une participation accrue au second tour, alors que l’abstention a atteint un record historique (52,49%) dimanche« La réserve de voix est chez les électeurs qui avaient voté Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle » mais qui ne se sont pas déplacés cette fois-ci, observe pour franceinfo Manuel Cervera-Marzal, sociologue à l’EHESS et spécialiste de l’électorat de La France insoumise.

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source : Franceinfo

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